ECHANGES EXTERIEURS DU MAROC EN 2023 : L’optimisme est-il permis, nonobstant les aléas des conjonctures.. !

Pourquoi  pas nourrir un optimisme non béat puisque dans notre pays ce n’est pas mythique car si tout peut réussir, c’est sous réserve qu’à chaque fois ses performances sont redevables à  la bonne  volonté , aux moyens adéquats et aux ressources humaines idoines, lesquelles ressources sont souvent des champions nationaux où des talents reconnus au-delà des frontières nationales.

Et en économie, la réalité a montré qu’elle est anti-mythe car ce qui s’impose après un régime de croissance ce sont ses crises mais aussi  des faits têtus  et il faut faire avec !

Le Maroc est appelé cette année encore à y faire face , qu’il s’agisse de la sécheresse ou du stress hydrique qui tombent mal cet automne ou des aléas politiques à l’international qui engendrent des blocages de la fluidité des flux du commerce international et inhibent les investisseurs internationaux.

Fort à propos, le Haut Commissariat au Plan  note dans son « point de conjoncture pour le 4ème trimestre 2023 », publié en janvier 2024 ,  la «  Faible dynamique de la croissance économique mondiale »  dont la situation demeure « marquée, au quatrième trimestre 2023, par une atténuation de l’inflation et une légère reprise des échanges commerciaux  », mais il salue d’un autre côté une « Amélioration des échanges extérieurs portée par l’automobile et l’électrique-électronique ».

A son tour l’office des changes vient de publier ce début de février 2024, les statistiques du dernier mois de l’année 2023  (Indicateurs mensuels des échanges extérieurs : année 2023, Office des Changes) . Clôturant ainsi cette année, l’office  communique les chiffres consolidés  des 12 mois étayant globalement les tendances notées par le HCP.

Un déficit commercial  en allègement et un excédent de la balance des services …De la résilience

Ainsi,  selon les statistiques publiées sur le site de   l’Office des Changes , les échanges extérieurs en  2023  semblent indiquer plusieurs améliorations  et qui sont relatives aux 4 grandes rubriques de la balance des paiements :

-Le déficit commercial s’est allégé de 7.3 %  et ce suite à une baisse des importations de l’ordre de 2.7% et à une très légère  hausse des exportations et cet allégement s’est traduit par une hausse du taux de couverture à 60% contre 58.1% en 2022 mais qui reste en deçà du taux de  62,3% atteint en 2021 . En 2023, presque toutes les industries ont contribué au maintien des équilibres de la balance commerciales et   l’impact de leurs excédents (+27% pour l’automobile notamment ) a permis de contrebalancer le déficit du secteur des phosphates  et dérivés (-34%) qui a chuté en raison de la baisse notamment des ventes des engrais , et aussi  de l’acide phosphorique et des phosphates.

– au niveau des échanges de services , la hausse de l‘excédent a été de 16.3%  avec presque le même taux tant pour les importations (15.2%) que les exportations (15.8%). En 2022 la  hausse de ce solde était de 88.1% par rapport à 2021. A ce titre et dans le détail de ces échanges, les recettes de voyages, considérées par le bulletin de l’office des Changes comme performance ont eu le vent en poupe en 2023  avec un nouvel excédent de l’ordre de 80.830 Mdh contre 74.388 MDH en 2022 où ces recettes ont rebondi. L’office des changes rappelle à cet égard que cet excédent n’a été que de 23731 MDH en 2021, de 25912  MDH en 2020 et de 57813 MDH en 2019.

– Au titre des revenus secondaires, les recettes des MRE ont suivi une trajectoire différentes de celle des recettes voyages totalisant 115150 MDH, n’ont enregistré qu’une hausse de 4% en 2023 avec un rebond plutôt en 2021 où elles sont passée à 95480 MDH (contre 68140 MDH)  et  derechef en 2022 avec un montant de  110728 MDH .

Déjà on peut dire au vu de ces rubriques de la balance des paiements que les compensations des déficits interviennent entre les différents sectoriels industriels dans cette conjoncture de crise internationale services et qu’elle capitalise sur les performances des échanges dans les services et des revenus secondaires.

La résilience et une dynamique de capitalisme africain  émergent

le poste  des investissements étrangers (voir tableau II) en témoigne même si le Maroc a enregistré en 2023 par rapport à 2022 un flux net négatif au niveau des investissements directs au Maroc (-53,3% ) , un flux net positif  des investissements directs marocains à l’étrange (+34%). Ceci fait événement depuis des années que le Maroc exporte des capitaux, via les IDE : Cette année la baisse des flux nets in ont été du même montant que ceux out. Notons qu’à cause de l’incertitude, les flux des investissements directs étrangers qui avaient rebondi en 2021 , ont accusé une baisse de 12% en 2022 , mais au Maroc les flux nets des IDE demeurait en hausse jusqu’en 2023.

La trajectoire suivie  depuis 2019 montre une hausse en 2021 et 2022 des investissements directs étrangers au Maroc et un retour à la croissance  des investissements directs marocains en 2023 atteignant presque leur même niveau de 2019 année qui a été suivie par une baisse drastique en 2020 (presque 50%).

Au-delà des rubriques et de manière holiste on constate une que l’Impact de l’environnement international sur l’économie marocaine est notable ces 2 dernières années, voire depuis 4 ans le Maroc fait preuve de résilience . Ainsi, en 2022,   la croissance du  Commerce mondial de biens et services a chuté à 3.4% après  un taux  de 6% en 2021 et pour cause cette baisse traduisait l’impact de la guerre en Ukraine qui a induit une hausse des prix alimentant les tensions  inflationnistes à l’échelle de la planète. En 2023 le déficit s’est allégé au Maroc

En 2023, l’inflation a enregistré une croissance de  +6,1%, légèrement inférieure au taux de  +6,6% en 2022 et  ce après le pic historique de 2022. Même s’il n’y a pas le retour aux taux antérieurs, la dynamique désinflationniste a été catalysée  cette année par  la Chute des prix alimentaires mondiaux. La FAO  a évoqué dans son dernier rapport annuel une  baisse appréciable de  son indice des prix alimentaires,  en décembre 2023. En outre, sur le plan national la hausse des droits de douane en Mauritanie semble avoir impacté les prix des denrées alimentaires au Maroc.

Si comme le notait le HCP (cf. Supra) « La demande intérieure demeurerait le principal moteur de la croissance », il semble que  le pari sur l’internationalisation est en passe de devenir une stratégie dont les piliers sont les MMM et l’export ainsi que  l’ID qui demeurent le cheval de bataille du Maroc , NPI en Afrique, et les bases de sa résilience économique qui est enfin un modèle car dans les temps difficiles les pouvoirs publics ont intervenu pour soutenir les classes lésées, mais nos indices ne sont pas à la hauteur des attentes sur ce volet social.