
Si en 2023 , l’IA a été la star des nouvelles technologies grâce au lancement de CHATGPT (30 nov 2022), cette année, elle le demeure à la faveur de sa consécration dans les instances de gouvernance comme le parlement européen et des organisations internationales comme c’est le cas de l’ONU. Et pour cause, cet intérêt, pour réguler ce marché , dominé par de grandes plateformes , s’impose comme on peut en juger à travers les chiffres d’affaires dans l’IA communiquées (https://www.goto.com/fr/it-management/resolve/global-ai-report/analyzing-the-ai-global-market ): Si en 2023 le marché a été évalué à 207,9 milliards de $, ce montant totaliserait 1847,5 milliards de $. Si les chiffres sont évalués à la hausse par d’autres sources, le fait y est qu’elles s’accordent toutes sur la croissance dans cette activité, appelée à avoir une croissance remarquable dans les années à venir.
Inédit ! l’AG de l’ONU vote pour une résolution pour l’IA
Le 13 MARS courant, un mercredi le parlement des pays de l’Union Européenne vote à la majorité l’IA ACT. Le lendemain, le jeudi 14 , l’IA s’invite à l’AG de l’ONU. L’ambassadeur des Etats Unis auprès de l’ONU, et son homologue marocain, ont présenté, la première résolution onusienne sur l’intelligence artificielle (IA) , qui sera adoptée une semaine après par ladite Assemblée générale.
Intitulée “Saisir les opportunités offertes par des systèmes d’intelligence artificielle sûrs, sécurisés et fiables pour le développement durable” , cette résolution souligne « la nécessité de poursuivre les discussions sur les approches de gouvernance appropriées de l’IA, qui soient fondées sur le droit international, inclusives et adaptées aux différents besoins et capacités des pays développés et ceux en développement »
C’est plus de 120 pays de tous les niveaux de développement qui ont soutenu cette résolution , à propos de laquelle l’Ambassadrice américaine a fait observer, dans ce cadre, que le Maroc était un co-parrain principal . Et pour cause sa qualité de PVD en fait un représentant de ces pays à côté des autres pays membres associés issus du monde développé.
A ce propos M. Hilale , l’Ambassadeur marocain a insisté sur le fait que cette résolution préconise le rôle des « des pays en développement dans les processus et forums internationaux sur la gouvernance des systèmes d’intelligence artificielle et plaide pour l’amélioration de la connectivité des infrastructures numériques et l’accès aux innovations technologiques grâce à des partenariats plus solides.
UE : Le règlement IA dûment adopté
L’UE est effectivement la première puissance à encadrer la technologie de l’IA dans le cadre d’une approche qui tente de ménager l’équilibre entre régulation et innovation, tout en veillant à imposer des restrictions et des sanctions, le cas échéant.
Le nouveau règlement qui n’entre en vigueur qu’en 2026 a été jalonné par des étapes d’un processus qui remonte à 2021 et bien avant :
· Le IA ACT de l’Union Européenne remonte à 2018 année où la commission a formé le groupe d’experts sur l’AI et l’alliance européenne en matière d’IA qui vont se réunir en juin 2019 à propos des recommandations politiques et d’investissements de l’IA.
· Dans la foulée la commission européenne a publié un livre blanc sur l’IA en 2020
· La Commission a adopté la proposition de règlement établissant des règles harmonisées en matière de IA le 21 avril 2021
· Le Conseil a adopté à l’unanimité son orientation générale sur la proposition le 6 décembre 2022
· alors que le Parlement européen a confirmé sa position en séance plénière de vote le 14 juin 2023
· 26 Jan 2024 Proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil établissant des règles harmonisées en matière d’intelligence artificielle (Intelligence artificielle
· Le 2 février 2024 le parlement européen valide la proposition de la commission européenne de règlement sur l’intelligence artificielle. IA Act
· Le Parlement européen a finalement adopté le 13 mars 2024 le texte dont le projet a été déposé en 2021
Un texte complet
Le texte impose des obligations en fonction du niveau de risque des systèmes d’IA, classés en quatre catégories
§ les systèmes d’intelligence artificielle “inacceptables” ;
§ ceux possédant des “risques élevés” ;
§ ceux avec des “risques acceptables” ;
§ et enfin, l’intelligence artificielle aux “risques minimes
Pour les deux premières catégories risque de haut , la réglementation sera basée sur la logique de responsabilité qui peut déboucher sur des sanctions analogues à celles du RGPD.
c’est la Chine, concurrent des USA pour le leadership , qui a sollicité de l’ONU pour coiffer la négociation sur un texte, semble-til!
La demande du président chinois au secrétaire général de l’ONU lors du forum de DAVOS ,janvier passé, pour que cette instance soit le cadre pour les négociation autour d’une régulation de l’IA, n’est pas finalement restée lettres mortes. En témoigne, le vote onusien largement majoritaire d’une résolution ,présentée par les USA, pour lancer des négociations sur l’encadrement de l’IA…
Rappelons que la Chine, après ses succès en commerce électronique redevable à ces plateformes, était consciente de l’importance de l’IA. C’est en 2017, que son Conseil des affaires de l’État a rendu public son « Plan de développement de la prochaine génération de l’intelligence artificielle pour la période de 2016 à 2030» qui visait in fine que la chine puisse se hisser au leadership mondial de l’IA en 2030, ainsi qu’une référence en matière de réglementation.
Si les analystes s’accordaient à dire que le lancement de CHATGPT a surpris les chinois, leurs plateformes ont vite réagi , en lançant leurs propres produits IA similaires. Un 2ème impact est que de nouvelles règles qui ont été édictées pour réguler cette technologie. Et celles visent à encadrer surtout l’IA générative (IAG); Mais dans un esprit plus ouvert sur l’innovation des entreprises chinoises qui dominent déjà leur marché local, voire dépassent les plateformes américaines pour certaines réseaux sociaux comme TIK TOK . Car la chine veut être à l’avant garde dans le peloton.
Rappelons ce qu’on avait dit Vladimir Poutine en2017 « Le pays qui sera leader dans le domaine de l’intelligence artificielle dominera le monde ».
Le Maroc aux premières loges
Le Maroc a, à son actif, des politiques publiques depuis le Maroc numérique 2013 au Maroc Digital et un écosystème qui peut être considéré parmi les leaders en Afrique , continent qui est un marché encore en friche pour le secteur car surtout sous développé en infrastructures de connectivité….
Certes, le Maroc , pays socio-libéral et pacifique qui a toujours fait prévaloir son africanité prêche plus qu’un statut , un véritable rôle de pont pour le continent avec le monde développé. Il correspond au profil requis par le leader mondial de l’économie digitale.
Mais pour les américains outre que le Maroc est un allié stratégique , c’est surtout un pays intéressant et intéressé estimé par les milieux d’affaires comme un Etat qui a une bonne stratégie dans le domaine digital , telle que c’est décliné dans le plan pour le secteur à l’horizon 2030 , mission confiée à un ministère ad hoc et une agence dédiée.
En le désignant co-parrain les USA font d’une pierre deux coup :
-elles incluent un partenaire sûr qui saura réaliser un modus vivendi avec les intérêts des plateformes , devenues synonymes de domination, voire de monopoles… Rappelons que suivant les tendances internationales à la nécessité de réguler internet, le fisc du royaume chérifien a imposé aux GAFA et autres plateformes au titre de sa loi de finances pour 2024 de déclarer leur chiffres d’affaires depuis 2024.
– mais le Maroc qui se trouve aussi être , géographiquement s’entend, dans le continent le plus exclu dans l’économie digitale, a été préféré à d’autres pays africains car ses initiatives vont dans le sens global des initiatives américaines pour le développement du continent.