L’analyse miroir , le Maroc : les défis Pour des bases de données saines du commerce extérieur
Le miroitement, contre les fins utilitaristes !
Les statistiques risquent de n’être pas à toujours 100% justes !
Réel souci auquel se sont affrontés les organismes internationaux notamment le l’OMD, le FMI et l’OMC, voire le responsable aux frontières et interpellant plus directement les gabelous, agents qui veillent aux procédures relatives au commerce extérieur lors des passages transfrontières. A cette fin, des outils d’analyse ont été élaborés pour évaluer les risques à ce niveau et développer les outils à même d’y parer, dont l’analyse miroir.
Qu’est ce, d’abord, que l’analyse miroir ?
Au niveau des méthodes, dès que l’on cherche à approfondir on pénètre un domaine presque ésotérique. La balance des paiements est dans ce cas de figure qui fait appel de prime abord à l’administration des Douanes
L’OMD dans laquelle le Maroc est très actif
« L’analyse miroir (ou les données miroir / « mirror analysis » or « mirror data ») désigne la comparaison entre les données d’importation (ou d’exportation) d’un pays X et les données d’exportation (ou d’importation) de un ou plusieurs pays vers le pays X (ou en provenance de celui-ci). » OMD. Commerce international : qu’entend-on par mesures miroirs ? source : https://www.wcoomd.org/fr 11/2/2022
Cette analyse a été utilisée par les économistes pour 3 types de problèmes : The accuracy of international trade data; replacement of missing data ; the approximation of fraud (OMD .op.cit). S’y ajoute des travaux qui combinent cette analyse « aux données de rapports globaux sur les obstacles au commerce (par exemple Doing Business)
cf. Analyse miroir et fraude douanière’2015) www.wcoomd.org/fr/topics/research/~/~/media/1FEA54015FAC46B0A0E72E73934329F0.ashx
Asymétrie des données statistiques du commerce extérieur
Attendons avant d’en arriver aux cas flagrant de fraude. Baptisée, au préalable et de manière générique, asymétrie pour désigner les écarts des évaluations, ceux-ci semblent inhérents à la méthodologie même d’établissement des statistiques du commerce extérieur où : « les exportations doivent être évaluées sur une base FAB (« Franco à bord »), tandis que les importations doivent être exprimées sur une base CAF (« Coût, assurance et fret »). (cf. UE. Asymétries dans le secteur des Statistiques du Commerce Extérieur avec les Pays Partenaires Méditerranéens 2009).
Ils peuvent être aussi liés aux méthodologies adoptées par les pays comme c’est le cas de notre pays que cette étude cite : « L’analyse miroir UE-Maroc basée sur les données de 2006 a révélé une asymétrie complète dans le commerce d’énergie électrique en direction du sud. Grâce aux recherches effectuées par l’Office des Changes, il a été découvert que l’Office National de l’Électricité n’a pas rempli de déclaration douanière depuis 2004 et par conséquent, les données n’ont pas été incluses dans les statistiques du commerce extérieur ».
Programme MEDSTAT pour la coopération statistique : « exercices miroirs »
Dans le cadre de MEDSTAT , le Maroc ainsi que d’autres pays de la méditerranée ont bénéficié des actions de ce programme. Ainsi notre pays a pu assister à un atelier régional sur le thème de « la mesure et traitement des asymétries dans les statistiques du commerce international de marchandises et des services » qui a été organisé en Tunisie en janvier 2018. (Participation à l’atelier régional sur les asymétries dans le commerce de biens et services). A vocation technique et pratique tous les représentants des membres concernés bénéficiaires se sont préparé à l’avance les données pour procéder à des exercices miroirs autour des échanges avec l’Union Européenne et entre eux.
C’est ce qui a été fait par les représentants du Maroc qui ont réalisé cette analyse et ce dans l’objectif de faire ressortir les écarts et en expliquer les causes soit : « divergences méthodologiques, par des systèmes de collecte de données utilisés ou par des classifications des opérations adoptées par les pays partenaires » op.cit
Importations des marchandises: l’évasion et le manque à gagner
Les analyses des données des importations de produits de Fisman and Wei (2004) qui ont trouvé que cette évasion (import duty evasion ) augmente avec celle taux des tarifs douaniers appliqués. Cité par Beata S. Javorcik* and Gaia Narciso qui ont eux-meme réalisé une etude qui a montré au niveau du commerce entre l’Allemagne et 10 pays de l’Europe de L’Est : trade gap, defined as the discrepancy between the value of exports reported by Germany and the value of imports from Germany reported by the importing country, is positively related to the level of tariff in 8 out of 10 countries. Cf.efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://users.ox.ac.uk/~econ0247/JavorcikNarcisoJIE.pdf
En Afrique , il semble que la sous facturation engendre un manque à gagner au profit des opérateurs véreux et au détriment du financement de la croissance dans le contient : « Subsaharan Africa enjoyed its strongest period of sustained economic growth, the pace of illicit flows from the region also accelerated relative to previous decades. Some of the acceleration in illicit outflows was undoubtedly driven by oil price increases and increased opportunities to misinvoice trade that typically accompany increasing trading volumes “ (Illicit Financial Flows from Africa: Hidden Resource for Development: archives.aefjn.org/tl_files/aefjn-files/Africa/Africa%20news%20eng/Illicit_Financail_Flows_from_Africa_Doc.pdf)
L’évaluation du cumul de cette évasion et sa comparaison avec l’endettement montre que ces flux illicites « exceed the continent’s outstanding external debt at the end of 2008 » op.cit
Qui du commerce extérieur des services !
Fabisation un must
Ainsi pour les exportations de biens des USA en 1998, le biais de sous estimation a atteint 5% la balance des paiements est sous estimée de 20%, selon une hypothèse basse.
le maritime au cœur des activités du commerce es services
En fait pour comprendre la sous estimation des services, il faut revenir à la méthode de la fabisation décrite comme suit : « Une partie des importations sont facturées en comptabilisant, outre le prix de la marchandise, le coût de fret et d’assurance. Or, fret et assurances sont des services. Il faut donc corriger les flux d’importations en en réaffectant une partie aux échanges de services »
Baptisée fabisation car elle consiste donc à « transforme les données initiales CAF (« coût assurance fret ») en données FAB (« franco à bord », soit hors coûts assurance fret). ».
Et en l’occurrence un coefficient « CAF- FAB » , est le plus souvent appliqué par chaque pays.
Au Maroc « Depuis 2009, le taux de passage de valeur CAF en valeur FAB des importations marocaines a été estimé à 7,5%. » cf. Office des Changes Note d’Information N°8 , Janvier 2012
Les attitudes des Etats comptent beaucoup :
adhérer aux mêmes méthodes et s’engager à les pratiquer sur le terrains
- Il a fallu pour le Maroc d’abord, adhérer aux méthodes …..
L’Office des Changes du Maroc avait conclu un jumelage institutionnel avec l’INSEE la banque de France et la DG des Douanes dès 2012 « pour un appui dans le domaine de l’établissement des statistiques des échanges extérieurs » . aux termes duquel les parties ont décidé que : la validation de l’orientation de la nouvelle méthodologie du passage CAF-FAB sera réalisée d’un commun accord entre les partenaires. »
- Secundo et surtout à s’engager les pratiquer
En clôture de l’atelier à Tunis, une des recommandations faites est que « les pays participants doivent effectuer des exercices « miroir » à un rythme soutenu et approfondir les vérifications et l’échange des résultats obtenus afin d’identifier et rapprocher les principales causes des divergences constatées. »
- En somme le Maroc peut transmettre son savoir faire
Cette congruence donne au Maroc une place de choix pour contribuer au développement des capacités des pays africaines qui sont en besoin mais comme nation qui peut se prévaloir d’attitudes partenariales et d’une culture de rigueur contre les comportements défensifs.
Ces comportements prévalent lorsque par exemple deux Etats partenaires dans le commerce international disent être l’un et l’autre excédentaire dans leur commerce bilatéral ! Auquel cas les analyses « miroir » ne peuvent que déceler des gaps.
Mais une union telle celle de la ZLECAF peut être le cadre de tisser cette coopération en Afrique à l’instar de ce qui a été réussi avec l’Union Européenne.
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