Par redouane Sibaï
Le Conseil de Bank AL-MAGHRIB , réuni le 25 juin 2024 à l’occasion de sa deuxième réunion trimestrielle de l’année 2024 a décidé la baisse du taux directeur à 2.75 désormais appliquée à partir du 27 juin courant.
Une politique monétaire change de cap : haro sur ……la mise en confiance
Mais, l’impact n’est pas demain ! Une façon de dire que la mesure a été jugée par les spécialistes d’ordre psychologique dans le sillage de cette confiance dont bénéficie le Maroc qui vient de décrocher un financement de la Banque Mondiale.
Revenons au pourquoi officiellement de la décision. La synthèse des chiffres relative aux agrégats économiques, ci-dessous, a été aussi rendue publique à cette occasion :
On note comme suit ce qui est mis en exergue :
- Au niveau de la croissance, estimée à 2.8% pour 2024, l’amélioration du rythme des activités non-agricoles
- Au niveau des échanges extérieurs , la reprise de leur dynamique et le niveau contenu du déficit du compte extérieur ainsi que la poursuite du renforcement des réserves de change.
- Au niveau du crédit bancaire, l’accélération du crédit au secteur non financier et la quasi stabilité du taux débiteur moyen au premier trimestre 2024
- En matière de finances publiques les chiffres montrent que le déficit budgétaire à travers le solde budgétaire et la dette du trésor rapportés au PIB devraient se stabiliser en 2024 voire s’atténuer en 2025
- Enfin l’ Inflation qui ne fait pas exception à cette amélioration des clignotants , car elle devrait être de 1.5% en 2024 contre 6.1% une année auparavant, sera néanmoins marquée par un retour de l’inflation sous jacente à des niveaux modérés
Ce faisant, BAM s’est aligné aux banques centrales comme la BCE (réunion du 6 juin) qui ont décidé de lâcher du lest en matière de taux régissant le crédit bancaire, alors que la FED a opté pour le statu quo en la matière.
Cette nouvelle tendance de la politique monétaire, compte sur des acquis comme les avoirs officiels de réserve devaient atteindre 382 milliards de dirhams à fin 2024 et 395,6 milliards à fin 2025, représentant ainsi une couverture avoisinant les 5 mois et demi d’importations de biens et services. De même le besoin de liquidité bancaire devrait baisser à 109,8 milliards de dirhams à fin 2024 (contre 111,4 milliards à fin 2023) . a ce propos BAM prévoit que ce besoin va augmenter à 133,6 milliards à fin 2025, en le justifiant par le fait de la croissance de la monnaie fiduciaire.
La circulation fiduciaire ou la problématique du cash !
Or lors de l’émission consacrée par MEDI1 à cette décision de baisse du taux directeur (https://youtu.be/N3VPOqAb__Y?si=5tizVoJ-RbOhBPrK), le professeur FERRANO (UM5 de Rabat) a bien fait lors, de recommander le retour aux facteurs de liquidité bancaire qui sont selon BAM : « Les facteurs autonomes les plus importants en termes de volume et de volatilité sont les avoirs extérieurs nets de Bank Al-Maghrib, la circulation fiduciaire et le Compte Courant du Trésor auprès de la banque centrale. »
Depuis son pic en décembre 2020, cet agrégat n’a cessé de croître depuis : De 250 227 en déc.2019 à déc. 300 626 en déc. 2020 à 320 111 en déc. 2021 à 354 734 en déc.2022 à 393 452 en déc.2023. cette tendance continue cette année où il atteint 403 milliards MAD en avril et ajoutons que aujourd’hui il est monté à 430 milliards de dh le chiffre avancé par Wali de BAM pour la Cash soit 29% à 30% du PIB ! ce qui est un des chiffres les plus élevés dans le monde, avec stupéfaction, dit-il !
Dans le tableau qui suit tiré des statistiques publiées par BAM , nous pouvons constater l’importance de cet agrégat par rapport à la masse monétaire : 2ème composante après les dépôts à vue auprès des banques, la monnaie fiduciaire en circulation en décembre 2023 a représenté 30,6% de M1 (*) et 26.8% de M2 (*) et 22.5% de M3 (*) et en avril ces proportions ont été respectivement de 31%, 27.1% et 22.8%.
Rappelons que le Cash estimé aujourd’hui par M. JOUAHRI à 29 ou 30% (de 13% du PIB en 2019, à 20% en 2020 et 27% en 2021) à une croissance paradoxale au moment ou la Banque Centrale avait constaté aux mêmes moments une poussée des moyens de paiement électronique !
N’en reste pas moins que le Maroc affiche une réelle volonté de développer son secteur digital de transfert électronique en suivant les bonnes pratiques.
La technologie n’est pas une panacée , désormais il faut des solutions d’ordre structurel. Car comme l’ont relevé les experts qui ont analysé la décision de baisse du taux ‘cf (https://youtu.be/N3VPOqAb__Y?si=5tizVoJ-RbOhBPrK, professeurs MM.ARAFI et FERRANO) , des facettes plus problématiques existent et empêche notre pays de combattre ce phénomène qui gangrène notre économie.
Il y va du vœu royal de faire de l’investissement privé le pilier de la croissance économique et acteur du développement à côté du secteur public
26 juin 2024
Redouane Sibaï
Annexe statistique : AGREGATS DE MONNAIE Encours en MDH
Fin 2023 | 2024 | ||||
déc.-23 | janv.-24 | févr.-24 | mars-24 | avr.-24 | |
Circulation fiduciaire | 393 452 | 393 144 | 394 828 | 400 005 | 403 294 |
Billets et monnaies mis en circulation | 412 752 | 411 981 | 413 532 | 416 774 | 422 904 |
Encaisses des banques (à déduire) | 19 300 | 18 836 | 18 704 | 16 770 | 19 610 |
Monnaie scripturale | 892 422 | 881 286 | 885 686 | 907 025 | 897 438 |
Dépôts à vue auprés de BAM | 2 297 | 4 332 | 4 423 | 5 562 | 4 182 |
Dépôts à vue auprés des banques | 812 304 | 799 132 | 803 441 | 823 641 | 815 434 |
Dépôts à vue auprés du CCP | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Dépôts à vue auprés du Trésor | 77 822 | 77 822 | 77 822 | 77 822 | 77 822 |
M1 | 1 285 874 | 1 274 430 | 1 280 514 | 1 307 030 | 1 300 732 |
Placements à vue | 182 544 | 182 793 | 183 252 | 184 438 | 185 271 |
Comptes d’épargne auprès des banques | 182 544 | 182 793 | 183 252 | 184 438 | 185 271 |
M2 | 1 468 418 | 1 457 223 | 1 463 766 | 1 491 468 | 1 486 003 |
Autres actifs Monétaires | 282 370 | 288 594 | 294 717 | 278 944 | 283 000 |
Comptes à terme et bons de caisse auprés des banques | 115 583 | 113 649 | 114 687 | 112 677 | 113 001 |
Titres OPCVM monétaires | 76 356 | 81 894 | 85 040 | 72 703 | 79 622 |
Dépôts en devises (1) | 41 605 | 47 141 | 49 937 | 49 304 | 47 482 |
Valeurs données en pension | 9 336 | 7 489 | 6 848 | 4 993 | 3 664 |
Certificats de dépôts à durée résiduelle inférieure ou égale à 2 ans | 27 729 | 27 147 | 27 793 | 28 646 | 27 562 |
Dépôts à terme auprés du Trésor | 5 532 | 5 532 | 5 532 | 5 532 | 5 532 |
Autres dépôts (2) | 6 228 | 5 742 | 4 880 | 5 087 | 6 136 |
M3 | 1 750 788 | 1 745 817 | 1 758 483 | 1 770 412 | 1 769 003 |
(1) Banques conventionnelles et participatives (2) Emprunts contractés par les banques auprès des sociétés financières
—————
(*) Définitions de BAM (Méthodologie d’élaboration des statistiques monétaires):
M1 =les billets et pièces de monnaie en circulation nets des encaisses des banques, ainsi que les dépôts à vue transférables, en monnaie nationale, constitués auprès de la Banque Centrale, des banques conventionnelles, des banques et fenêtres participatives et du Trésor
M2 = M1+ les actifs liquides, non transférables et rapportant un rendement. Il s’agit des comptes d’épargne ouverts auprès des banques
M3 = M2 + « autres actifs monétaires » : • comptes à terme et bons à échéance fixe ; dépôts en devises ; • valeurs données en pension ; • certificats de dépôts d’une durée résiduelle inférieure ou égale à 2 ans ; • titres d’OPCVM monétaires ; et • dépôts à terme ouverts auprès de la TGR